Chronique – Blackwing, tome 1 : la Marque du Corbeau, d’Ed McDonald

Fiche technique

Titre : La Marque du Corbeau
Auteur : Ed McDonald
Genre : Dark Fantasy
Langue : Français
Édition : Bragelonne
Nombre de pages : 384
Date de parution : 18/04/2018 (France)

Sous son ciel brisé, la Désolation est une vaste étendue de terre ravagée, née quand la Machine, l’arme la plus puissante du monde, fut utilisée contre les immortels Rois des profondeurs. Au cœur de ce désert, grouillant de magie corrompue et de spectres malveillants, les Rois et leurs armées attendent leur heure…

Pour Ryhalt Galharrow, la Désolation n’a pas de secrets. Chasseur de primes aguerri, il est chargé de retrouver une femme aux pouvoirs mystérieux, qui semble avoir mis au jour un inquiétant secret. Jadis, cette femme et lui se connaissaient bien. Voilà qu’ils se redécouvrent au milieu d’une conspiration qui menace de détruire tout ce qui leur est cher, et qui pourrait mettre un terme à la trêve fragile de la Machine…

Mon avis

Ma note : (4 / 5)

Si j’ai découvert Blackwing d’Ed McDonald, c’est grâce à la promotion qu’en a fait Bragelonne. Pour être tout à fait honnête, je n’étais pas sûre d’accrocher à ce roman ; il appartient clairement à la Dark Fantasy (avec quelques tendances Steampunk je dirais), or il s’agit d’un genre auquel j’ai quelques difficultés à accrocher. Quand je lis, à de rares exceptions près, j’ai tendance à m’identifier profondément aux personnages, à ressentir leurs émotions ; avec eux, je ris, je pleure, je suis en colère, je suis amère… Je ressens tout à 100 %, et c’est une des raisons pour lesquelles j’aime tant lire. Cependant, dans ce que je lis, s’il y a bien un genre pour lequel je n’arrive pas à faire ça, c’est la Dark Fantasy – la majeure partie du temps, en tout cas. J’imagine que je le fais inconsciemment, parce que dans les romans qui appartiennent à ce genre, les émotions qui dominent sont le désespoir et le malheur et ce sont des émotions que je ne souhaite pas (plus) ressentir… Mais du coup, je n’accroche pas aux personnages, ce qui rend ma lecture plus fade. Ce premier tome n’a malheureusement pas fait exception ; j’ai eu de grandes difficultés à m’identifier aux personnages et à les apprécier.

Un peu comme dans Les Dragons de la Cité Rouge d’Erik Wietzel, on y suit un chasseur de prime, Ryhalt Galharrow, qui lors d’une chasse infructueuse, se retrouve embourbé dans des emmerdes sans nom ; si Alec Deraan est lié à une succube, Ryhalt, lui, est lié à un Sans-Nom, Corbac. Les Sans-Noms, dans ce roman, sont de puissants sorciers devenus immortels, et ils constituent un des seuls remparts (avec la Machine évoquée dans le résumé) contre l’Empire Dhojaran, ses Rois des Profondeurs, et leurs créatures. Bref, au cours de ses aventures, Ryhalt croise un certain nombre de personnages plutôt intéressants, certains l’accompagnant tout au long du roman ; il y a Nenn, son bras droit, qui m’a parfois agacée à cause de son comportement ; Saravor, un dangereux et énigmatique sorcier qui m’a beaucoup fait penser à Saiman dans Kate Daniels d’Ilona Andrews ; et Ezabeth Tanza, une puissante sorcière et ancienne connaissance de Ryhalt, qui se retrouve très vite propulsée sur le devant de la scène du roman. Il y a bien sûr d’autres personnages, mais ce sont ceux-là qui m’ont le plus marquée. J’ai beau n’avoir pas accroché avec eux, il faut se rendre à l’évidence : de manière générale, ils sont bien développés ; pas tout blancs, pas tout noirs mais des nuances de gris, certaines plus foncées que d’autres.

“Des tonalités d’enfant précoce, mais la puissance de son ton impérieux donnait une idée de son âge véritable. Sa magie me tenait à la fois par la gorge et l’âme.”

Si j’ai eu des difficultés à apprécier les personnages, en revanche, j’ai beaucoup aimé l’univers décrit par Ed McDonald. Son côté post-apocalyptique peut rebuter un peu, mais il reste extrêmement bien travaillé, et certains éléments ne peuvent que réveiller des échos en nous : le Cœur du Néant qu’on peut paralléliser avec les bombes nucléaires, par exemple ; son bestiaire également est pas mal détaillé. Plus j’ai de détails sur un univers, plus je vais l’aimer, et ici j’ai clairement été servie !  C’est d’autant plus impressionnant que le roman ne fait que 400 pages à peine, l’auteur a su le définir en si peu de pages avec brio. Mention spéciale pour la Désolation, qui, telle qu’elle est décrite, est presque un personnage à elle toute seule !

Mais ce qui m’a le plus marquée et qui m’a le plus fait apprécier le roman… Ça a clairement été le scénario ! On assiste à des retournements de situation spectaculaires, des virages totalement imprévus (Nall, Gleck Maldon, Ezabeth – pour ne citer qu’eux sans spoiler par exemple), et ça m’a tellement laissée sur le cul que j’en ai été vraiment très agréablement surprise. Bon, nuançons un peu : peut-être que des lecteurs plus aguerris, plus futés que moi, auraient pu les prévoir, mais ça n’a clairement pas été mon cas. Et franchement, j’adore quand un roman me surprend de cette manière ; quand on voit venir les choses à 100 kilomètres à la ronde, c’est un peu moins fun quand même, non ?

L’autre point du scénario que j’ai apprécié, ça a été les questions de morale qu’il nous force à nous poser. Cette bataille que les Sans-Noms mènent depuis des siècles contre les Rois des Profondeurs, c’est un peu une partie d’échec ; chaque pièce avancée, chaque coup réalisé, c’est en prévision d’un plus grand dessein, que les humains, à leur échelle mortelle, ne s’imaginent pas. Sauf que ce plus grand dessein ne se réalisera pas forcément immédiatement ; les Sans-Noms sont immortels après tout (du moins, presque), et ils agissent à l’échelle de leur temps et non à l’échelle mortelle. Et, si j’ai apprécié ces retournements de situation, je n’ai pas pu m’empêcher de me poser la question : si j’étais à la place des Sans-Noms, est-ce que j’aurais fait pareil ? Parce que si j’ai compris le ressenti des personnages mortels, j’ai aussi compris le point de vue des Sans-Noms. J’ai été vraiment époustouflée par le génie de ce coup dont je parle à demi-mots… Et surtout par le temps qu’il a pris pour se mettre en place. Mais je ne peux pas en dire plus sous peine de spoiler, donc je vous laisse le découvrir par vous-même 😉

“Je compris lentement. J’avais été berné. Nous avions tous été bernés.”

Bref, pour conclure cette chronique, je pense que vous l’aurez compris mais, si je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages, j’ai beaucoup aimé ce roman et j’ai assez hâte de lire le tome 2. Contrairement aux autres romans où ma lecture a été affadie par mon absence d’attachement aux personnages, le scénario et les péripéties de Ryhalt et ses compagnons ont su compenser ce “handicap”, en quelque sorte, ce qui fait que je lui donne cette note. Si vous êtes amateur de Dark Fantasy, je ne peux que vous le conseiller à 2000% ; si vous ne l’êtes pas, je vous conseille de tout de même tenter l’aventure parce que, qui sait, vous pourriez avoir autant de surprise que moi…

Où l’acheter ?

Ebook (12.99 €) : 7switch | FNAC | Amazon
Broché (25 €) : FNAC | Amazon

Catégories
Chronique Lecture
Plus d'articles
Chronique – L’Automne des Magiciens, tome 1 : la Fugitive, de Hélène P. Mérelle
Tag – Adieu 2017
Chronique – La Roue du Temps tomes 1 à 6, de Robert Jordan
Partager
4 commentaires

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Julie Franel © All rights reserved.