Le permis

Ici, si vous voulez faire quoique ce soit, avoir le permis et une voiture est indispensable. Les transports en commun existent, mais sont nettement moins développés qu’à Paris. Par exemple, de là où j’habite, pour aller à l’université, le trajet est de 15 minutes en voiture, contre… 1h30 minimum en transports en commun (changement de transports, attente, tout ça…).

Sauf que, passé une certaine heure le soir, certains transports s’arrêtent : le sprinter – l’équivalent du TER/RER – s’arrête à 21h il me semble, et les bus ne passent même pas le dimanche. Bref… Vous l’aurez compris, la voiture est indispensable.

Si vous avez déjà un permis de conduire français, vous n’aurez pas de soucis : faites la demande du permis international avant de partir. Celui-ci est valable un an si vous êtes de passage, mais seulement trois mois si vous êtes résidents; vous devez alors passer le permis californien. Nous n’avons pas trop réussi à déterminer si nous étions considérés comme résidents – nous avons une adresse ici, mais c’est temporaire puisque nous avons un visa de 8 mois – mais nombreux sont ceux que je connais qui conduisent encore avec leur permis international sans avoir eu de problème.

Quoiqu’il en soit, en ce qui me concerne, je n’ai pas eu le choix : n’ayant pas de permis de conduire (pas besoin quand on habite en région parisienne et que tout est disponible en transports en commun), il a fallu que je le passe ici. D’autant que mon emploi du temps différait un peu de celui de mes colocataires, avec un cours le vendredi matin. En attendant que je le passe, Greg a eu la gentillesse de faire le taxi pour moi, mais bon, arrivé un moment, c’était quand même chiant pour lui, et pour moi parce que du coup, je n’avais aucune autonomie.

Bref, j’ai donc commencé par me renseigner sur le permis ici. Comme en France, il se découpe en deux parties : le code, et l’épreuve pratique. Les deux épreuves se déroulent dans un DMV, Department of Motor Vehicles. Le DMV est l’entité qui gère tout ce qui est permis, cartes grises, etc. On en trouve dans tous les états US. Le prix du permis est de… Attention… 33 $ ! Soit 25-30 €. Il inclut le passage du code et un passage de l’épreuve pratique. En cas d’échec à l’épreuve pratique, il est possible de la repasser deux fois en ne payant que 7$ (5€). En revanche, au bout de trois échecs à l’épreuve pratique, il faut repasser le code et repayer les 33$.

J’ai pris rendez-vous sur le site du DMV pour passer mon code le 1er mars. Pour m’y préparer, j’ai récupéré le Driver Handbook (= le code de la route) au format .pdf sur le site du DMV, lequel le met à disposition gratuitement. Pour les puristes, il est également possible de le récupérer au format livre, gratuitement, dans un DMV. Je l’ai potassé la semaine avant mon épreuve, tout en faisant des tests sur Internet : il y a de nombreux sites qui proposent des tests similaires. Le meilleur site que j’ai pu trouver pour ça est freedmvpracticetests.com – certaines questions sont mot pour mot celles posées lors de l’épreuve.

Le jour de l’épreuve, je me suis présentée au DMV d’Oceanside avec les documents nécessaires :
– Mon passeport avec mon visa
– Mon I94 : imprimé depuis Internet, c’est un document qui liste ma dernière entrée sur le territoire, histoire de vérifier que je suis bien entrée sur le territoire légalement
– Mon I20 : pas listé dans les documents à amener sur le site du DMV, mais j’ai préféré le prendre au cas où. Je ne me souviens pas qu’ils en aient eu l’utilité, m’enfin…
– Ma confirmation de rendez-vous : imprimée depuis le site du DMV

Arrivée au DMV, il y a avait une queue (en dehors du DMV) pour ceux qui n’avaient pas de rendez-vous. Comme j’en avais un, le vigile à l’entrée m’a faite entrer pour intégrer la queue à l’intérieur. J’ai patienté une quinzaine de minutes, je pense, avant d’accéder au premier guichet; on y a d’abord vérifié mes documents, puis j’ai dû remplir un formulaire (le DL44). On m’a ensuite donné un numéro, et j’ai été m’asseoir pour patienter. Mon numéro a été appelé assez rapidement à un autre guichet, où on a re-vérifié mes documents, testé ma vue (juste une ligne à lire avec les deux yeux puis en se cachant un oeil, rien de transcendant). J’y ai ensuite payé les frais du permis (33 $, donc), puis on me redirige vers le comptoir photo du fond du DMV. Je fais ma photo, puis le monsieur me dit de prendre un ordinateur pour le passage du code.

Le code consiste en une cinquantaine de questions (46 très exactement je crois) et j’ai le droit à 8 fautes. En cas de faute, l’ordinateur m’en informe immédiatement et me donne la correction. Je flippais un peu, mais au final, je l’ai eu, en ayant fait 4 ou 5 fautes (surtout sur des questions types « combien de temps avez-vous pour informer le DMV de la vente de votre véhicule »). J’obtiens donc un « learner permit », un permis temporaire valable un an. Ce permis me permet de conduire avec une personne âgée de 18 ans ou plus, titulaire du permis californien. Première désillusion : je ne peux donc pas conduire avec Greg ou Aurélien, puisqu’ils n’ont pas de permis californien. Je me résous donc à contacter une auto-école pour prendre des leçons de conduite.

J’en avais contacté une en Janvier pour savoir un peu comment ça se passait et s’il était possible d’avoir une réduction, étant étudiante; je la recontacte donc, mais une semaine après, pas de réponse malgré plusieurs appels (avec messages laissés sur le répondeur) et email, et le local, auquel leur bureau est censé être, est vide. Passer mon permis étant un peu urgent, j’en contacte donc une autre après quelques recherches sur Yelp : A101 Driving School. Le moniteur, Michael, me propose 6h de conduite pour 280 $. Prix à peine différent de ce que l’autre auto-école m’avait proposé (à 10 $ près), j’accepte donc et fixe la première leçon (2h) le jeudi de la même semaine. La leçon et les deux suivantes (à raison d’une par semaine) se passent très bien, Michael est gentil, patient et pédagogue.

En revanche… Deuxième désillusion : pour passer l’épreuve pratique du permis, il faut avoir une voiture car le DMV n’en fournit pas. Quand j’ai appelé et demandé les tarifs, j’ai cru comprendre qu’il fournissait la voiture pour l’épreuve… Evidemment, non. J’avais deux solutions à ce moment-là :
– Soit je louais une voiture chez DirtCheap (agence de location de voiture chez qui nous louons la nôtre), mais il faut un conducteur avec le permis californien qui soit également sur le contrat de location car je n’ai pas le droit de conduire seule
– Soit je trouvais quelqu’un avec le permis californien mais qui disposait de sa propre voiture
Dans tous les cas, il me fallait quelqu’un avec le permis californien, et qui puisse me faire conduire un peu parce que, clairement, 6h de conduite quand on en a jamais fait, c’est pas suffisant. Enfin bref, entretemps j’avais fait la connaissance d’Eddy, qui disposait de sa propre voiture, avait le permis californien, et alors qu’on en parlait, il s’est gentiment proposé. Après avoir vu avec lui, on a donc pris rendez-vous sur le site du DMV pour mon épreuve pratique, le 18 avril. En attendant, nous allons conduire de temps en temps, sa voiture a quelques soucis parfois mais rien de très grave. Jusqu’à la veille de mon permis – sinon ce n’est pas drôle.

La veille de mon permis, donc, sa voiture tombe en panne sévèrement – de l’eau dans l’huile du moteur, je crois. Donc pas possible de l’utiliser le lendemain. Du coup, recherche de solution en catastrophe, je contacte différentes personnes, je poste sur un des groupes Facebook auquel j’appartiens pour voir si personne a une solution à me proposer, etc. Finalement, ça finira en appel catastrophe à DirtCheap le lendemain matin pour savoir s’ils acceptent de me louer une voiture – oui, à condition que je sois accompagnée d’un conducteur avec le permis californien – puis aller-retour express à San Diego après nos cours avec Greg et Eddy, pour aller louer la voiture. Nous rentrons juste à temps pour que je puisse grignoter un truc et nous repartons, Eddy et moi, direction le DMV.

Cette fois, nous nous dirigeons directement vers le guichet nº5, dédié aux tests pratiques (« Behind-the-wheel test ») du permis. La liste de documents à amener est assez similaire à celle pour le code :
– La confirmation de la prise de rendez-vous (obligatoire cette fois, la première fois je l’avais imprimée au cas où)
– Mon permis temporaire
– Mon passeport
– Mon I94
– Mon I20
– Le contrat de location de la voiture, spécifiant que je suis bien sur l’assurance
– Un document nommé « Acknowledgement of cash deposit » pour l’assurance

On y vérifie mes documents, on me donne un papier et on me dit de me rendre sur la voie à côté du DMV pour attendre qu’un examinateur se libère. Une bonne demi-heure après, c’est à mon tour de passer. Mon examinateur n’est ni souriant ni causant, je me contente donc de suivre ses instructions. Au bout d’une dizaine de minutes, il me fait retourner sur le parking du DMV sans m’avoir fait faire certaines manoeuvres obligatoires, comme se garer parallèlement au trottoir; entre ça et la durée, je commence à me dire que je me suis plantée. Et sans surprise, c’est ce qu’il m’annonce. La raison ? En sortant du parking du DMV, j’ai accéléré doucement pour monter à 25mph (miles per hour), mais pas suffisamment rapidement à son goût; et en zone résidentielle, c’est limité à 25 aussi, mais j’ai ralenti à un moment parce qu’on arrivait sur un virage aveugle. Bref, donc, ça ne lui a pas convenu, la vitesse étant éliminatoire il n’a pas cherché plus loin et m’a rendu la feuille avec marqué « échec ». Entre les emmerdes pour la voiture, l’argent imprévu déboursé pour la location de la voiture, ça et les événements personnels survenus en février, autant dire que ça m’a miné sévèrement le moral. Par curiosité j’ai regardé quand était la prochaine date disponible, et là, miracle, il y en avait une le lendemain après-midi. Je vois donc avec Eddy s’il est dispo encore une fois, il est ok, donc je vais prendre rendez-vous dans le DMV et en rentrant, j’appelle DirtCheap pour prolonger ma location pour deux jours.

Le lendemain, on retourne donc au DMV. Cette fois, il y a beaucoup plus de voitures devant nous qui attendent de passer le permis. A mon grand malheur, j’aperçois mon examinateur de la veille et je croise les doigts très fort pour ne pas tomber sur lui. Finalement, c’est avec une examinatrice que je passe – mais à quelques minutes près, je repassais avec l’autre. Cette examinatrice est déjà beaucoup plus avenante ! Elle me fait prendre la même route que la veille, et j’essaye d’éviter de reproduire les mêmes erreurs. Au bout de la rue, alors que je m’apprête à tourner à gauche quand le feu passe au vert pour moi, je m’abstiens finalement en voyant que le gars d’en face va tout droit, mais l’examinatrice fait une petite intervention pour me dire de faire attention au même moment. A ce moment-là, je me suis dit « ça y est, c’est mort, elle a dû dire quelque chose, je l’aurai pas » ; au bout d’une dizaine de minutes on retourne vers le DMV, comme la veille, et là je me dis que c’est sûr, j’ai merdé. Mais arrivée au niveau du DMV, elle ne dit rien et je continue vers la route qui passe au-dessus du DMV. Un peu plus loin, elle me demande de me garer le long du trottoir. Je m’exécute… Et mes roues frottent contre le trottoir; une nouvelle fois, je me dis que j’ai foiré, parce que heurter le trottoir en se garant est éliminatoire.

Elle me fait repartir direction le DMV, je me gare sur le parking et alors qu’elle remplit la feuille, je ne peux pas m’empêcher de dire quelque chose du genre « je ne l’ai pas, c’est ça ? ». Elle me dit gentiment de la laisser remplir la feuille, qu’on en parlerait après. Une fois la feuille remplie, elle me liste toutes mes erreurs, me dit comment je peux améliorer ça… Et là, grosse surprise, elle coche la case « pass » et me dit que je l’ai (visiblement, frotter contre le trottoir ne rentre pas dans la catégorie « heurter le trottoir ») ! Bon, elle ajoute ensuite que j’avais l’air de connaître la route et qu’elle était pas sûre que je m’en serais aussi bien sortie sur l’autre, mais bon. J’y croyais tellement pas, que j’en étais doublement heureuse ! Du coup je suis retournée dans le DMV pour échanger ma feuille contre le précieux sésame – en l’occurrence, un permis temporaire sous la forme d’un papier en attendant le permis définitif. Je l’attends encore d’ailleurs, si je ne l’ai pas à la mi-juillet il faudra que j’aille au DMV pour voir où ça en est, mais je ne suis pas surprise, les autres Français qui l’ont passé ont mis du temps à le recevoir aussi.

Pour la peine, le soir, restaurant japonais avec les deux loustics pour fêter ça !

Pour la peine, le soir, restaurant japonais avec les deux loustics qui me servent de colocataires pour fêter ça !

Le lendemain, j’ai ramené ma voiture chez DirtCheap, ils m’ont ajoutée sur le contrat de location de la voiture qu’on a actuellement avec Greg (une Chevrolet Cruze grise, en photo en tête d’article), et depuis, je suis totalement autonome 🙂

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Californie Oceanside Voyages
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